Le début de XXIe siècle a été marqué par une campagne massive à fin de modifier l'attitude publique à la physiologie de femme. Les choses qui ont toujours été tenues hors la vue ont acquis une large publicité, et les célébrités toutes en chœur ont commencé à exhiber leurs protège-slips et des photos enceintes nues. On le présente publiquement comme une encore percée vers l'émancipation de la femme et comme un signe de la rationalité avancée. On respecte les femmes pour ce qu'elles sont, avec tous leurs problèmes physiologiques. On les respecte pour ce qu'elles donnent la vie aux générations futures. On respecte leurs fonctions organiques qui les rendent sexuelles. Ce qui est naturel ne mérite pas de dédain.

Mais pourquoi faut-il réduire un être conscient seulement à la nature organique ? Est-ce que cela accentue tout à fait notre subjectivité, notre spiritualité, de mettre en relief ce que nous sommes déjà animaux dans nos besoins de chair ? Pour un être conscient, ce serait beaucoup plus logique d'appuyer sur la capacité de surmonter les limitations physiologiques, en arrivant à plus d'universalité. En ce rapport, le genre est absolument insignifiant, et c'est ici que la vraie émancipation commence.

Préconiser une femme pour sa grossesse, c'est la considérer comme une femelle tout simplement, en la refusant le titre d'un être conscient. Qui peut être plus humiliant ? Nous sommes donnés la raison pour mettre fin à la torture des femmes par leurs particularités organiques, pour les relever entièrement de leur fonction reproductive, les introduisant ainsi à la liberté de l'activité consciente.