En considérant n'importe quel problème, on ne peut pas éviter des liens (ou, au moins, des allusions) à ce que des autres ont déjà écrit. C'est une façon normale d'introduire des nouvelles idées dans le contexte culturel existant, sans quoi une compréhension mutuelle serait impossible. Le gens ne disent seulement un à l'autre ce qu'ils pensent ; ils donnent aussi à leurs partenaires le plus possible de clés conceptuels à faciliter l'assimilation des idées de l'autre dans une vue personnelle du monde. Pour un dialogue productif, il faut découvrir quelque communauté initiale, un zone préliminaire de consent qu'on pourrait élargir par communication. C'est à quoi des références peuvent servir.
Bien sûr, pour fonctionner comme des ponts communicationnels, références doivent montrer quelque chose dont les parties ont connaissance. Par ailleurs, la référence à un lieu commun est aussi inutile, en ne pas étant liés au sujet particulier de conversation. Il peut être difficile de trouver une balance optimale entre la communauté et spécificité, et il faut souvent mieux connaître son partenaire pour initier un dialogue intelligent.
Personne ne peut savoir tout. Personne n'a lu tout livre, examiné tout artefact, ou éprouvé tout épisode de l'histoire. Heureusement, cette complétude n'est pas nécessaire pour la pensée productive, et le redécouvert de ce qui a déjà été beaucoup de fois découvert par quelqu'un autre est un mécanisme naturel du développement humaine. En fait, chaque enfant doit découvrir le monde à nouveau. Par ailleurs, l'humanité est inhomogène, et les groupes sociales différentes embrassent des différents horizons culturels ; ce qui est généralement connu et va sans dire en une culture peut être assez exotique en l'autre. Les renvois jouent souvent le rôle du mécanisme de positionnement, en indiquant le groupe de référence.
A suivre des liens, il peut être utile pour mieux contrôler ses réflexions à soi. Par exemple, si je vois quelqu'un qui partage mes façons d'agir, je peux vouloir chercher une connaissance plus proche de cette personne, et emprunter probablement des idées intéressantes. Pourtant, si j'aperçois une coïncidence avec quelqu'un que je n'aime pas, cela peut me servir comme une indication d'une inconsistance de ma pensée, ou comme un motif pour réestimer cette personne.
Avec tout ça pris en compte, l'introduction des références en une conversation peut être tout naturelle, désirable et productive. Mais, pour être réellement utiles, les références doivent conformer à des certaines simples règles. Par exemple, un nom mentionné sans expliquer ses rapports au thème de la conversation sera bien probablement en vain. Beaucoup de publications scientifiques souffrent de cette faut, parce que leurs auteurs mentionnent des figures nombreuses qui n'y ont rien à voir, seulement pour la " complété ". Cette habitude est toujours implantée par le style traditionnel des revues " académiques ", où l'évaluation des textes soumis dépend largement du liste de références. Ce style peut pénétrer aussi la conversation vivante, et on entend souvent des interlocuteurs compéter en l'énumération de noms, en abandonnant presqu'entièrement le dialogue intelligent.
Une encore variété de mauvais style, c'est la référence " abusive ", quand on surnomme seulement l'autre. Les références de ce type sont jetées au partenaire comme des étiquettes abstraites, sans se concerner beaucoup de la clarté et de la rationalité. Pourquoi on nommerait quelqu'un Wittgensteinéen? Expliquez s'il vous plait, quoi dans cette personne ressemble, à votre opinion, Mr. Wittgenstein, et en quelles de ses hypostases. Mais le moment vous avez l'expliqué, la nécessité même de mentionner Wittgenstein devient superflue. L'acception réelle des références abusives peut être exprimée en cinq mots: je ne vous aime pas. La référence abusive est souvent utilisée pour étourdir le partenaire, pour supprimer son opinion, pour l'humilier. Mais, en fait, des références pareilles ne montrent que l'incapacité absolue de la pensée cohérente, en devenant ainsi une sorte d'auto-humiliation.
Un encore cas spécial : la citation excessive. Les références de ce style peuvent être bien appropriées, et leurs liens au thème de la discussion sont bien transparents, mais leur nombre outrepasse la " masse critique " dont en sus il n'y a pas de besoin pratique d'exemples additionnels. Quand une assertion a déjà été supportée par assez de matériel illustratif, l'accumulation continuée des interconnections possibles devient ennuyeusement inutile.
Un style de référence bien balancé doit être adéquate, amical et modéré, pour que les partenaires puissent jouir de leur conversation et aider l'un à l'autre à développer leurs vues personnelles.
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